22/09/2016 : Manger méditerranéen et bio, c’est possible !

Denis LAIRON. Manger méditerranéen et bio, c’est bon pour tous !

Les bonnes habitudes méditerranéennes se sont perdues…

Jusqu’à récemment, les habitants de chaque région du monde tiraient l’essentiel de leur subsistance des productions locales. En quelques générations, la mondialisation des échanges a profondément modifié ces héritages alors que plusieurs millénaires d’échanges entre les pays riverains de la Méditerranée et d’ailleurs ont façonné une manière de vivre et de se nourrir spécifique à notre région.

L’alimentation méditerranéenne traditionnelle se caractérise par des quantités d’aliments modérées, avec une consommation importante de produits végétaux comme les céréales (peu raffinées), les légumes secs, les légumes et fruits frais, les noix et amandes, de l’huile d’olive comme principale source de lipides, beaucoup de produits et plantes aromatiques (ail, thym,…), du poisson (surtout sur les côtes), des quantités faibles à modérées de produits laitiers (en particulier de type yaourt, fromage de chèvre ou brebis) et de volailles, et généralement peu de charcuteries et de viandes rouges (plutôt du mouton). Les pâtisseries, c’est seulement pour les fêtes. On boit de l’eau et dans le Sud de l’Europe, si la consommation de vin lors des repas est habituelle, elle est aussi modérée.

L’UNESCO a inscrit en 2010 l’alimentation méditerranéenne traditionnelle au patrimoine mondial inaliénable de l’humanité.

De nombreuses études scientifiques et médicales faites depuis les années 1960 confirment que l’alimentation méditerranéenne est très bénéfique pour la santé. Ceux qui suivent ce mode d’alimentation sont moins en surpoids ou obèses, avec un tour de taille plus faible. Ils ont moins de diabète de type 2, moins de maladies cardiovasculaires, moins de certains cancers, moins de maladies de Parkinson ou d’Alzheimer et moins de dépression. Leur vie en bonne santé est donc plus longue.

Il ressort aussi de diverses études que si on mangeait maintenant selon le modèle méditerranéen, cela diminuerait fortement les émissions de gaz à effet de serre, le besoin en terres cultivées, la consommation d’énergie et la consommation d’eau., avec les besoins nutritionnels bien couverts et sans coûter plus cher.

Aujourd’hui, adopter une alimentation méditerranéenne, c’est aller dans le sens des recommandations de la FAO (2010) pour des alimentations durables, et d’autant plus si la production est locale et saisonnière, avec de la diversité et sans produits chimiques toxiques. Le choix de méthodes agro-écologiques (bio) et la production locale de saison pourraient encore améliorer les apports nutritionnels, diminuer les risques de maladies et réduire les impacts négatifs : c’est pourquoi cela fait partie des nouvelles recommandations pour l’alimentation méditerranéenne.

Préférer les aliments issus de l’agriculture biologique

L’agriculture biologique (AB) est un mode de production agro-écologique soucieux de l’environnement et du bien-être animal. Son principe de base est de travailler avec la nature, en respectant les saisons, les équilibres naturels, la biodiversité. La fertilisation des sols s’effectue à base de matières organiques compostées et d’engrais naturels. Les produits chimiques de synthèse (engrais, pesticides et herbicides) et les OGM sont interdits. Les variétés résistantes aux maladies sont privilégiées. Si des traitements sont nécessaires, ils sont à base de produits d’origine naturelle (minérale et biologique). L’élevage, de type extensif, respecte le bien être animal.

Des études scientifiques ont montré que les aliments bio ne contiennent quasiment pas de résidus de pesticides alors qu’environ la moitié des aliments courants en ont, les consommateurs bio sont donc moins exposés. Les scientifiques établissent de plus en plus de relations entre l’exposition aux pesticides et de nombreuses maladies graves. Les aliments bio sont souvent plus riches en nutriments (moins d’eau, plus de magnésium, plus de fer et zinc parfois, plus de vitamine C et d’antioxydants, plus d’acides gras oméga-3). Les produits bio transformés sont préparés avec beaucoup moins d’ingrédients et d’additifs.

Selon des études médicales, les enfants d’Europe du Nord qui consomment régulièrement des aliments bio ont moins de symptômes allergiques que ceux qui n’en consomment pas. Et notre très grande étude réalisée en France sur plus de 54 000 adultes (www.etude-nurinet-sante.fr) vient de montrer que les consommateurs réguliers de produits bio mangent plus d’aliments végétaux et non-raffinés, mais moins de produits animaux et de produits gras et sucrés, que leurs apports en nutriments et fibres sont très souvent plus importants et qu’enfin, ces hommes et ces femmes sont environ moitié moins en surpoids ou obèses que les adultes qui ne consomment pas de produits bio (article dans PLosOne, 2013).

Denis LAIRON est biochimiste de formation, puis devient nutritionniste; il a fait toute sa carrière comme chercheur à l'INSERM (Institut national de la santé et de la recherche médicale), a dirigé une équipe puis une Unité de recherche mixte INSERM-INRA-Université Aix/Marseille; il est Directeur de recherche émérite à l'Inserm et rattaché à une unité de recherche mixte à la faculté de médecine de la Timone à Marseille. Ses travaux de recherche ont concerné les modifications du métabolisme induites par la prise des repas, les relations alimentation et santé humaine (risque cardiovasculaire, obésité, diabète), les interactions entre susceptibilités génétiques et alimentation, la qualité et la durabilité de l'alimentation (dont alimentation méditerranéenne et alimentation bio). Il participe à des groupes d'expert nationaux et internationaux. Et il habite le Luberon !




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