19/12/2013 : Abeilles attention Danger, Jean-Louis GALDINO

Je suis Jean-Louis GALDINO, apiculteur professionnel, exploitant"Les ruchers des 4 saisons" dans le sud des Hautes Alpes, parallèlement je suis Président de l'Apicuture Alpine,  Syndicat Professionnel regroupant 300 adhérents et formateur au rucher école de ce syndicat situé sur le domaine du Conservatoire Botanique de GAP- CHARANCE.


Le thème que je vous propose est"Abeilles attention Danger".

J'envisage de le traiter selon 3 axes d'une durée approximative de 20 minutes chacun suivis d'un débat avec les participants. La durée totale de l'intervention pouvant varier de 1h30 à 2 heures en fonction de l'intérêt suscité auprès des participants.

Le premier axe traitera de l'évolution de l'environnement naturel dans lequel l'abeille vit et se développe.

Le second envisagera les combats conduits par les apiculteurs, pour faire reconnaître la toxicité de certaines molécules de synthèse dans les traitements des grandes cultures.

Le troisième évoquera les ennemis naturels,  tout au long de la vie de l'abeille de l'oeuf à l'insecte parfait et ce jusqu'à sa mort.

Mon exposé se fera en toute objectivité, sans préjugés ni zone d'ombre au vu des connaissances et des réalités du moment.

JL. Galdino

14/11/2013 Autres planètes, autres vies ?

Exoplanètes et exobiologie

Alors que nous approchons la fin de l'année 2013, nous franchissons le cap des 1000 exo-planètes 'confirmées' depuis la première découverte en 1995 à l'Observatoire de Haute Provence. 

Les techniques de détection utilisées sont variées. Elles ont conduits à la découverte de planètes ou de systèmes planétaires extraordinaires souvent très différents de notre système solaire et je détaillerai plusieurs exemples.

Une des grandes questions -outre les problématiques purement astrophysiques sur la formation et l'évolution des systèmes planétaires - est la question fondamentale de la vie sur ces nouveaux mondes.   

Certaines de ces exoplanètes sont dans cette fameuse 'zone habitable' autour de leur étoile.
Combien d'entre elles sont habitables et peut-être habitées ? La vie existe-t-elle ailleurs ou faut-il plutot penser que nous sommes seuls dans l'Univers ? 

Les scientifiques ne savent pas encore répondre à cette question, mais l'exobiologie explore diverses pistes pour tenter d'avancer sur ces questions. Les astronomes développent de nouveaux instruments, observent la Terre comme exemple de planète portant la vie, identifient des biosignatures en vue de preparer les observations futures et la caractérisation des exo-Terre.

Luc ARNOLD

Exoplanètes, 1000 nouveaux mondes

En préparation de cette soirée du 14 novembre, vous pouvez lire cet article du Monde des Sciences du 16 octobre : Exoplanètes, 1000 nouveaux mondes

http://www.lemonde.fr/sciences/article/2013/10/14/exoplanetes-1-000-nouveaux-mondes_3495394_1650684.html

Martin Videcoq

22/10/13 Euthanasie, une problématique de fin de vie

Débat animé, ouvert et qui a montré toute la complexité de la problématique de fin de vie.

D'emblée la discussion a cerné la nécessité de bien définir les termes Euthanasie (passive, active) Soins palliatifs, Sédation, Laisser mourir, Suicide assisté, Directive anticipée, ...

Le débat a aussi montré toute l'importance d'une meilleure connaissance d'un certain nombre de textes de référence : Loi Leonetti, Rapport Sicard, Serment d'Hippocrate, législations européennes, ...



Voici quelques pistes pour aller plus loin :

Qu'est-ce que l'euthanasie, suicide assisté, laisser-mourir ?

Le rapport Sicard ouvre la voie au suicide assisté
http://www.francetvinfo.fr/societe/euthanasie/les-pistes-du-rapport-sicard-sur-la-fin-de-vie_189059.html

Le Comité d'éthique s'oppose à la légalisation de l'euthanasie
http://www.francetvinfo.fr/societe/euthanasie/le-comite-d-ethique-s-oppose-a-la-legalisation-de-l-euthanasie_360076.html

Dossier Euthanasie : Le droit à la vie avec les soins palliatifs ou une mort légale par l'euthanasie : qui choisit ?
http://euthanasie-tpe-2012.e-monsite.com/pages/les-textes-de-loi.html

Le droit en matière d'euthanasie et de soins palliatifs
http://sos-net.eu.org/medical/euthanas.htm#11

Enfin, pour ceux qui souhaitent aller plus loin le rapport Sicard (les derniers chapitres sont les plus intéressants (évaluation des expériencs étrangères, conclusions)
http://www.ladocumentationfrancaise.fr/var/storage/rapports-publics/124000675/0000.pdf


Le débat est loin d'être clos ! N'hésitez pas à laisser des commentaires
Martin Videcoq

22/10/13 : Euthanasie, une problématique de fin de vie

L'euthanasie, une 
problématique de fin de vie.

Par Claude BROUSSOULOUX, radiologue et écrivain



- Les progrès de la médecine permettent de prolonger la survie d'un patient atteint d'un mal inguérissable.
- L'évolution de la société vers une plus grande liberté des individus peut sembler leur donner sur eux-mêmes une sorte de droit de vie ou de mort.



La mise en avant de l'euthanasie correspond de nos jours à un désir de maîtriser sa mort et non de la subir. Eviter une longue agonie ou même un séjour dans un centre de soins palliatifs sont des vœux majoritairement affichés. C’est dans ce climat que l’euthanasie prend toute son importance sans pour autant entraîner dans tous ces cas des passages à l’acte systématiques.



---------------------------------------------------------------------------------------------

Voici quelques références utiles pour introduire le débat :

Loi Leonetti du 22 avril 2005 relative aux droits des patients en fin de vie
http://fr.wikipedia.org/wiki/Loi_L%C3%A9onetti_du_22_avril_2005_relative_aux_droits_des_patients_en_fin_de_vie

Législation sur l'euthanasie et le suicide assisté par pays
http://fr.wikipedia.org/wiki/L%C3%A9gislation_sur_l'euthanasie_et_le_suicide_assist%C3%A9_par_pays

France Culture / Science Publique / Emission du 11 ocotbre : Comment réduire la vulnérabilité des personnes en fin de vie ?
http://www.franceculture.fr/emission-science-publique-comment-reduire-la-vulnerabilite-des-personnes-en-fin-de-vie-2013-10-11

Rapport Sicard
http://fr.wikipedia.org/wiki/Rapport_Sicard

13 juin 2013 : le pneu, oui, mais pas que !


Le pneu, oui, … mais pas que !

De l’hévéa aux semelles des cosmonautes,
l’histoire et l’importance économique du caoutchouc

Par Patrice MEROZ, Prof. à l'Inst. de Form. du Caoutchouc (IFOCA) et Expert en "matériaux élastomères" à l’Univ.F. Rabelais de Tours. Ancien Responsable Technologique de l’Institut de Recherche sur le Caoutchouc en Afrique (IRCA)

Patrice Méroz nous expliquera pourquoi et dans quels domaines les propriétés du caoutchouc, naturel et synthétique, le rendent « intéressant » et expliquent son importance économique mondiale au cours des temps. Il évoquera les étapes marquantes de l’histoire scientifique et technologique de cette matière première et les personnages impliqués, de Christophe Colomb aux industriels et scientifiques actuels en passant par Hutchinson et Goodyear.

23/05/13 L’encyclopédie du Luberon


 L’encyclopédie
du Luberon
Comment recueillir et transmettre les connaissances relatives
 à cette montagne provençale qui a pour nom le Luberon ?


Marc Dumas, libraire, nous présentera ce projet d'encyclopédie qu'il a dirigé 
et qui doit voir le jour en juin 2013. Il se focalisera plus particulièrement sur les thèmes :
 Milieu Naturel - Histoire et Peuplement - Artisanat et Architecture.



Voir aussi les liens :

18/04/13 Les énergies renouvelables

 Les énergies renouvelables


Quel intérêt pour la planète ? 
Comment impliquer le citoyen?
Par Jean-Michel SERVANT, 
ancien responsable de la plate forme d'essais solaires de Cadarache


Jean-Michel Servant, ancien responsable de la plate forme d'essais solaires de Cadarache, fera pour nous un tour d'horizon des énergies renouvelables en allant de leur intérêt mondial à leur intérêt national et même local. Il évoquera aussi ce que peuvent faire à leur niveau les simples particuliers que nous sommes. Bien sûr son propos commencera par une définition de ce qu'on appelle énergies renouvelables en en faisant une liste très complète. Il tentera enfin de faire le bilan énergétique le plus complet possible au niveau mondial puis au niveau national, en évoquant au passage le "Grenelle de l'Environnement".

26/03/13 : L'effet placebo, mythe ou réalité ?


L’effet placebo,
 mythe ou réalité?


Quelles sont les différentes approches de la question en médecine, en psychiatrie, et en psychologie ?
Présenté par Marie-Pierre LAVERGNE, médecin psychiatre, psychothérapeute



Nous étions environ 70 pour cette soirée présentée par Marie Pierre Lavergne et Valérie Monclard, pharmacienne.
La question a été abordée d'un double point de vue médical et pharmacologique.
Ont été notamment détaillés les processus psychologiques à l'œuvre et leur implication dans la libération de substances chimiques endogènes, ayant une incidence dans les zones cérébrales concernées par les processus de cognition et de comportement :
-relation soignant soigné(relation de confiance transférentielle et d'empathie)
-les représentations par rapport à la maladie,la thérapeutique etc...
- la personnalité du patient

En ce qui concerne la pharmacologie, les faits suivants ont été soulignés :
- le médicament se compose obligatoirement d'un effet placebo ( environ 30% voire jusqu’à  70% ) + un effet thérapeutique
- dans les études de phase III du développement d’un nouveau médicament, celui-ci est testé versus médicament de référence et quand c’est possible déontologiquement versus un placebo.
- effet placebo = une expérience au  comptoir: remise d’un objet ( le médicament )  + relation patient/pharmacien + informations délivrées concourent à l’effet placebo
- le médicament par lui-même: packaging, couleur, dénomination, gout, prix, ... d’où problème de l’acceptation du générique.

14/02/13 : Parle-moi, je te dirai d'où tu viens !


Parle, je te dirai d’où
 tu viens !



1 –  La diversité est une réalité de fait du langage humain
par Hélène FRANCONIE, Ingénieur d’Etudes CNRS retraitée, Dialectologue


Point n’est besoin d’être géo-ethno-linguiste – autrement dit dialectologue – comme JCB et moi-même, pour que cette phrase ait du sens ! Chacun de nous, dès lors qu’il perçoit chez un interlocuteur un écart par rapport à sa propre pratique du langage, constate : « il/elle ne parle pas comme moi » et commence à élaborer des hypothèses : « il/elle est originaire de telle région, de tel pays, ou encore de tel milieu social, de telle génération, etc. » La diversité est donc une réalité de fait du langage humain, dont nous sommes tous plus ou moins conscients.
Question préalable : Qu’est-ce que la langue ? Nous nous intéressons ici à ces ensembles organisés de sons qui font sens pour des groupes donnés d’individus. Deux individus ne peuvent converser ensemble qu’à condition d’utiliser des sons dont ils partagent la signification. Autrement dit, il faut que, pour eux, ces sons renvoient aux mêmes référents (ex. chaise). Chaque parler – quelle que soit l’étendue de son aire d’usage - est « parfait » en lui-même : c’est un système organisé, qu’il soit écrit ou non. JCB reviendra plus loin sur les divers termes utilisés pour désigner les systèmes linguistiques : langue, parler, dialecte, patois… .

La diversité des langues dans le monde :
Un fait d’observation pour chacun d’entre nous (cf. carte des parlers du monde éditée par l’Europe), qui nous renvoie à la façon d’exprimer une identité. Qui dit identité dit différenciation.
La fondation de l’identité de l’individu commence avec l’apprentissage du langage, dès la naissance. Elle s’inscrit dans l’appartenance à un groupe humain à l’intérieur duquel l’individu est reconnu et où il peut communiquer avec les autres membres du groupe. La langue a une double fonction : elle assure la cohésion d’un groupe humain (et par là-même l’appartenance de l’individu à ce groupe) et elle exprime la différenciation de ce groupe d’avec les autres groupes (cf. notion de territoire). Notons que le besoin de différenciation se manifeste dans bien d’autres domaines, tel celui du vêtement (costumes traditionnels aujourd’hui disparus, vêtements liés aux classes sociales).
Donc diversité des langues dans l’espace, mais aussi :
Diversité à l’intérieur d’une même langue.

Il faut explorer diverses situations de communication pour avoir une idée du fonctionnement réel de cette langue.
Le cas du français : Comment définir la langue française ? Que signifie « parler français » ? Voici donc quelques aspects :
-          nous ne parlons pas le français comme sous Louis XIV, et encore moins comme dans la Chanson de Rolland. Nous-mêmes le voyons se transformer sous nos yeux très rapidement.
-          nous ne parlons pas comme nous écrivons, et réciproquement. La langue écrite et la langue orale constituent deux modes d’expression distincts, régis par des règles spécifiques. Juger du français à travers sa seule langue écrite serait vraiment l’amputer d’une grande partie de sa richesse. N’oublions pas que nous avons appris à parler avant de savoir lire et écrire, donc avant de connaître les règles de la syntaxe. Ce qui ne signifie pas que l’illettrisme ne soit pas un problème.
-          les usages du français varient selon les milieux sociaux ou encore socioprofessionnels, à l’oral comme à l’écrit. Notre façon de nous exprimer dépend du niveau de proximité sociale avec notre interlocuteur et reflètera notre intégration des normes d’emploi des mots, et notamment notre conscience du niveau de langue employé (soutenu, familier, populaire, argotique, régional, etc.)
-          le français : langue nationale censée être la langue commune à tous les Françaises et Français. Pourtant : le français parlé à Marseille est différent de celui parlé à Lille ou Strasbourg, et de Paris. Pourtant : à côté du français, existent des langues régionales, dont beaucoup n’ont pas été écrites.
-          la francophonie : le français comme langue de culture, comme langue nationale se superposant aux langues vernaculaires en Afrique. Le cas du Québec.

Conclusion :
La langue est donc un révélateur et un marqueur identitaire très fort : de nombreux conflits sont liés à la question de la langue, et cet aspect est trop souvent ignoré ou négligé, y compris dans l’enseignement de l’histoire ou dans la compréhension des faits d’actualité.
Le langage humain se prête à une grande diversité de manifestations, à travers la multitude des langues.
L’observation de l’usage d’une langue montre qu’il s’agit d’une réalité mouvante, dépendant de la variété des situations de communication, dont chacune fonctionne de façon spécifique.  
Enfin, le statut accordé à une langue, et notamment en fonction de son lien à l’écriture, est purement idéologique. Il est le produit de l’histoire, comme JCB va vous le montrer.


2 -  La géographie linguistique de la France
par Jean-Claude BOUVIER, professeur émérite de langue et culture d'oc à Aix-Marseille Université

1 – Le français : langue nationale commune à tous les Français, langue standard, normée, officielle en France et dans d’autres pays, langue réalisée de façons diverses, selon régions de France et selon pays : on peut parler de « néodialectes du français,  ou simplement de variations géolinguistiques du français
2 – Diversité linguistique considérable sur le territoire français, hexagonal et outre-mer, si on considère l’ensemble des « langues de France », auxquelles se réfère le titre de la Délégation Générale à la langue française et aux langues de France, créée en 2001. Dans le Rapport de B. Cerquiglini de 1999, 75 langues :
-          France métropolitaine : 9 langues régionales « territorialisées », et 4 autres langues « non territorialisées » : arabe dialectal, berbère, romani chib et arménien occidental
-          Départements d’Outre-mer : les créoles français et anglo-portugais (bashinenge) en Guyane
-          Territoires d’Outre-mer : Nouvelle-Calédonie 28 langues kanak, Iles Loyauté (4 langues)
-          Territoires français de Polynésie : 9 langues
-          Mayotte : 2
3 – Langues régionales de France. Cf. la carte. Cinq langues romanes dans leurs variétés dialectales : langue d’oïl, langue d’oc, francoprovençal, catalan et corse. Quatre langues non-romanes ou cinq : alsacien-lorrain (ou alsacien, lorrain), basque, breton, flamand.   
4 – Les langues gallo-romanes. Ainsi appelées, parce qu’elles viennent du latin, ou plutôt continuent le latin sur des territoires occupés par les anciens Gaulois : d’où gallo-roman aussi pour parlers romans de Suisse  dits « rhéto-romans » (romanche, ladin, frioulan). Latin parlé introduit en Gaule après la création de la Narbonnaise au 2e s. av. JC et surtout après la guerre des Gaules de César. Latin parlé diversifié qui a abouti peu à peu aux langues gallo-romanes, constituées en langues autonomes un peu avant le X e s. Diversification du latin en Gaule due à plusieurs facteurs :
-          Contact avec  la langue des populations locales : substrat celtique ou préceltique
-          Processus de la romanisation, qui  a été tributaire des particularités géographiques : les marécages, les fleuves, les montagnes….La Loire : « ligne de démarcation naturelle et colonisatrice avant l’arrivée des Francs » (Bodo Müller). De fait langue d’oc allait jusqu’à la Loire dans Haut Moyen Âge. Monts du Forez, qui séparent depuis le début langue d’oc et francoprovençal. Mais Alpes constituent  plutôt lieux de rencontre (hauts pâturages) : Val d’Aoste et Savoie, Briançonnais et vallées piémontaises…. Et surtout  romanisation faite en deux temps, ce qui a créé deux couches successives de latinisation : romanisation ancienne en Narbonnaise et de là vers l’ouest de la Gaule jusqu’au Poitou et au Berry  introduisant un latin plus archaïque, romanisation plus jeune et latin plus jeune, plus avancé à partir de Lugdunum (Lyon)  en direction du nord (B. Müller, 1971), même si ce latin venant de Lugdunum pouvait aussi avoir des caractères puristes et même poétiques (Gardette 1962 : cf. molar « tertre, colline » < molaris, chez Virgile et Ovide).
-          Evidemment importance du superstrat francique, qui a contribué à séparer la langue d’oïl, marquée par l’influence germanique, de la langue d’oc. Le français relève de la langue d’oÏl, mais n’est pas l’ancien dialecte de l’Ile de France : a une base linguistique dans l’Ile de France et l’Orléanais, mais est dès le haut Moyen Age une « langue commune transdialectale, d’abord écrite puis diffusée » progressivement, nettement différente du dialecte de l’Île de France (présent chez Molière,  dans les Mazarinades du XVII e siècle, ou l’Atlas linguistique de l’Île de France actuel). En tout cas langue marquée par le superstrat francique et qui s’est de plus en plus germanisée et séparée des autres langues romanes.
-           
5 – La langue d’oc
Langue de la moitié sud de la France, des Alpes aux Pyrénées et de l’Atlantique à la Méditerranée, avec débordements  dans le Piémont.
Langue composée de plusieurs dialectes : gascon, languedocien, auvergnat, limousin, provençal -nord  et sud (ou provençal et vivaro-dauphinois). Différenciation dialectale moins forte au Moyen Âge : languedocien et provençal  pratiquement confondus d’après textes anciens non littéraires (consonnes finales prononcées, pluriels en –s…), mais la distinction entre nord-occitan et sud-occitan apparaît dès le début : cantar/chantar,  gau « coq » / jau et aussi fedo « brebis » /feio, fio etc…..
Variétés dialectales de la langue d’oc unies par beaucoup de traits linguistiques communs (par exemple le maintien ou le développement de diphtongues, le système vocalique, le vocabulaire, la morphologie verbale et l’absence de pronoms personnels sujets du type je, tu, il du français …), et par un destin historique et littéraire commun. Langue des Troubadours dès le XI e s. est une langue commune, une koiné, qui rassemble des traits linguistiques du nord  et du sud (p. ex. chantar/cantar) et qui est à peu près la même pour les troubadours provençaux ou auvergnats ou aquitains.  La langue administrative tend aussi à être une langue commune, normée, mais l’usage des scribes locaux, dans les Comptes consulaires p. ex. au XVe s. laisse filtrer bien des particularités locales.
Après les conquêtes françaises (Croisade des Albigeois, rattachement de la Provence au royaume de France en 1481…), pénétration  progressive du français, ordonnance royale de Villers-Cotterêts de 1539, qui impose le français comme langue administrative, tendance à la marginalisation et à l’éclatement  de la langue,  privée de normes et abandonnée par les élites, et de la littérature, souvent confinée dans des genres mineurs : malgré tout de grands noms de la littérature occitane du XVI e au XIX e siècle : Pey de Garros au XVIe s. en Gascogne, Bellaud de la Bellaudière en Provence à la même époque, Goudouli à Toulouse 1ère moitié du XVII e s., Jean de Cabanes en Provence 2e moitié du XVII e s. début XVIII e , J.B. Fabre à Montpellier au XVIIIe s. etc.
Mouvements de renaissance de la langue d’oc au XIX e et au XX e s. Le Félibrige d’abord et surtout, avec F. Mistral, Aubanel, Roumanille….. en 1854, qui redonne à la langue sa dignité et fait du provençal une langue littéraire, illustrée par de véritables chefs d’œuvre et soutenue par un grand œuvre lexicographique, le Tresor dóu Felibrige. Puis au début du XX e siècle, le mouvement occitaniste, qui est plus sensible à l’unité géographique et historique de la langue et crée une nouvelle graphie, la graphie classique faisant mieux ressortir cette unité tout en s’adaptant à la diversité des dialectes.


6 – Le provençal
Ambiguïté historique du terme, désignant à la fois l’ensemble de la langue d’oc, dans la tradition philologique et dans la tradition félibréenne et une partie de cette langue : le dialecte de la langue d’oc parlé en Provence.
Dans ce deuxième sens, le provençal est composé  de plusieurs sous-ensembles : voir la carte.  Le rhodanien, base linguistique du provençal mistralien, n’est pas très éloigné du maritime : ils sont tous les deux caractérisés par une influence plus forte du français : chute des consonnes finales occlusives  (den,  cham, fuo, pour dent, champ, fuoc…..), et de l’-s  final désinentiel, d’où, comme en français, pas de marque spécifique du pluriel dans les noms : la porto « la porte », li ou lei porto «les portes ». Mais le rhodanien dit nacioun, causo, rasin, le maritime nacien, cavo, raim ou rin…..
Le vivaro-dauphinois est une variété du nord-provençal, qui est très diversifiée avec des aspects rhodaniens au sud et une perte progressive de plusieurs traits de la langue d’oc en allant vers le nord. L’alpin est pour l’essentiel en nord-provençal, mais les parlers nissarts appartiennent à la fois à l’alpin et au sud-provençal maritime, ce qui est la traduction linguistique de la situation géographique de cette région où la montagne vient tomber dans la mer. Le provençal alpin se définit par ses aspects conservateurs : conservation des consonnes finales, même parfois de l’ –r final de l’infinitif, et en particulier des pluriels en –s.
Il y a toujours eu beaucoup d’échanges entre la Provence du sud et la Provence alpine : commerce du sel,  du sud vers le nord, commerce du bois en sens inverse, transhumance, descente des gavots vers les plaines du sud pour les moissons ou les vendanges, tourisme….. Cette tradition d’interrelations a laissé des traces linguistiques nombreuses, dans le lexique notamment : gavèu « sarments de vigne, èscabot « troupeau », capoulié « premier faucheur ».….dans le nord. Mais surtout la poussée des parlers du sud vers le nord, empruntant les voies de la Durance et de l’Ubaye, a souvent réduit l’aire alpine pour un certain nombre de phénomènes : cf. la carte « heures », « champ », chaud »…..
Quelques exemples pour finir de différenciations linguistiques à l’intérieur de la langue d’oc par examen de plusieurs cartes : cf. Noël, Corne, Averse et suff.  –as ….



3 – L’étude des langues régionales ou les outils de la dialectologie : les atlas linguistiques et ethnographiques.
par Hélène FRANCONIE

JCB vous a présenté la géographie linguistique de la France en utilisant des cartes provenant des atlas linguistiques et ethnographiques. Un premier atlas de la France comprenant 1421 cartes a été publié en 1909-1910 par Giliéron et Edmont, à partir d’enquêtes conduites dès 1891. Pour le Nouvel Atlas de la France par Régions, les enquêtes ont commencé en 1950, et ont impliqué au moins une trentaine de chercheurs relevant de l’Université et du CNRS jusque vers 1995, dans le cadre d’un Groupe de Recherche du CNRS. 22 Atlas ont ainsi été publiés par le CNRS, comprenant chacun au minimum 3 volumes.
Il s’agit donc d’enquêtes linguistiques réalisées auprès d’informateurs patoisants (dialectophones).
3.1 – L’atlas de première génération : un recueil de données brutes.
-          délimitation d’un territoire et détermination de lieux d’enquête, dotés chacun d’un numéro de référence (carte ALP localités)
-          élaboration d’un questionnaire destiné à couvrir une bonne partie du champ d’expérience (en grande partie monde rural) et à pouvoir étudier des phénomènes purement linguistiques. Le questionnaire est la base du cahier d’enquête.
-          enquête sur le terrain (magnétophone et éventuellement transcription manuelle immédiate) : les réponses aux questions sont recueillies sous leur orale.
-          transcription des formes sonores avec un alphabet phonétique sur le cahier d’enquête de chaque localité enquêtée, sans souci de normes orthographiques (1 son = 1 signe graphique)
-          calligraphie des formes phonétiques des cahiers d’enquête sur des fonds de carte muets, (carte cloporte ALP)
3.2 – L’interprétation des données brutes des atlas de première génération se traduit par de la cartographie.
Les étapes du travail
-          première phase : inventaire des phénomènes et recherche étymologique (FEW, Bloch & Wartburg, Mistral, Alibert, etc.), TLF, les sources écrites (cf. le cas du provençal)
-          deuxième phase : cartographie et interprétation
Quelques exemples d’études
-          les variantes de prononciation d’un terme (ex. carte ALF neveu < NEPOTEM)
-          les différents termes relatifs à un concept (ex. prunelle, corne, Noël, carte bouillie de maïs, taupe, faux, sauterelle)
Deux approches distinctes mais complémentaires : analyse en synchronie ou en diachronie (cf. Darwin vs. Lamarck !)
Cadre de publication :
-          travaux individuels (recherche, pédagogie)
-          atlas de seconde génération : les 2 atlas transnationaux : collaboration de tous les dialectologues
= l’ALE (Atlas Linguarum Europae)
= l’AliR (Atlas Linguistique Roman) (couverture AliR) ; panneau : carte cloporte AliR)


4. Les langues régionales aujourd’hui et demain
 par Jean-Claude Bouvier

Langues régionales de France ont des statuts et  des situations très divers : peu de lisibilité et de vitalité pour les dialectes d’oïl comme bourguignon ou normand, même s’il y a des associations, des militants, des publications….. Le corse, enjeu politique en Corse, est beaucoup plus présent et utilisé….
Langues régionales globalement peu parlées : à différence du catalan, la langue d’oc n’est plus une grande langue de communication sociale ou économique. Parlée par des locuteurs « natifs » âgés et peu nombreux, connue et comprise par un nombre plus élevé de personnes, parlée, lue et souvent écrite par des gens,  des jeunes surtout qui l’ont apprise à l’école ou dans des associations et qui font des efforts pour la promouvoir, elle est plus perçue  comme langue patrimoniale à conserver que comme un outil de communication générale.
Mais progrès réalisés dans la reconnaissance et la promotion des langues régionales depuis une cinquantaine d’années :
Enseignement
-          Loi Deixonne en 1958 autorisant enseignement facultatif  de 4 lgs régionales : basque, breton, catalan, occitan (puis corse, tahitien..)
-          Enseignements optionnels de langues régionales dans les établissement scolaires et matières au baccalauréat
-          Enseignements optionnels dans les université, puis DEUG et licences, maîtrises  de langues régionales
-          Création des CAPES : breton en 1985, corse, occitan-langue d’oc  en 1991, catalan et basque en 1992.
-          Ecoles bilingues privées : Ikastolas basques dès 1969, Diwan bretonnes en 1977, Calandretas occitanes en 1979 (en 2012 54 écoles et 2 collèges : 3045 élèves)
-          Classes bilingues dans l’enseignement public en 1993, Ecoles centres  continus d’apprentissage de la langue (22 dans les Bouches du Rhône)
-          Aujourd’hui en Provence, dans l’Académie d’Aix-Marseille : 12500 élèves  qui  reçoivent un enseignement  de langue d’oc, dont 9000 dans le premier degré et 3500 dans les lycées et collèges. Mais cela reste peu : 3% de l’effectif scolaire du premier degré.
La vie de la langue d’oc : associations, publications,  medias, présence dans l’espace public
-          Félibrige, Institut d’Etudes occitanes, Parlaren, Unioun Prouvençalo, Collectif Prouvènço, AELOC…
-          Journaux d’associations : Tarasco (AELOC), Prouvenço d’aro,  Aquo d’aqui, Nouvello de Prouvènço (Parlaren), L’Astrado Prouvençalo…..
-          Publication de l’IEO, de Parlaren, de l’Astrado…
-          Emissions de Télé comme Vaqui
-          Grand prix de littérature de Provence en langue d’oc
-          Beaucoup de désignations bilingues des noms de voies urbaines dans tout le sud de la France : ancien nom en provençal comme à Aix, ou traduction systématique en langue d’oc des noms français (p. ex. à Aix rue d’Italie, anciano carriero de la Porto San Jan : place des prêcheurs, Plaço dei Precadou ; à Montpellier boulevard Victor Hugo, baloard V.H.).
-          Enfin efforts actuels pour inscrire la pratique de la langue dans un contexte économique. Un label Oc per l’Occitan a été créé. Selon l’annuaire 2012 de cette organisation 250 structures ont été labellisées : commerçants, artisans, entrepreneurs, professions libérales et associations : p. ex. dans le 04 un Gîte rural, dans le 05 un Centre de loisirs pour jeunes, dans le Vaucluse un cabinet d’architectes, un Tour operator.
-           
-          Reconnaissance institutionnelle  nationale et internationale
-          Association internationale d’études occitanes, avec congrès tous les trois ans
-          Charte européenne des langues régionales et minoritaires du Conseil de l’Europe en 1992, signée par le Premier Ministre français en 1999 : ratification annoncée par le Président de la République en 2012
-          Délégation Générale à la Langue Française et aux Langues Régionales en 2001
-          Révision de la Constitution en 2008 : « Les langues régionales appartiennent au patrimoine de la France » (art. 75 – 1 complétant le titre 12 « Des collectivités territoriales »). Mais l’article 2 dit toujours que « la langue de la République est le français ». Malgré tout avancée importante.

Conclusions
Illusoire de parvenir à la situation de la Catalogne aujourd’hui.
Mais combat pour l’existence et la reconnaissance des langues régionales est une nécessité :
-          Prise en compte d’un patrimoine linguistique et culturel aussi importante que le patrimoine bâti des monuments
-          Connaissance d’une autre langue que la langue nationale favorable à la formation de la personne et à l’apprentissage linguistique
-          Dans l’Europe d’aujourd’hui  la pratique d’une langue régionale est à la fois un moyen de favoriser le multilinguisme et de contrecarrer la tendance au monopole linguistique et une ouverture vers les autres pays et les autres langues de l’Union : la langue d’oc « carrefour linguistique des langues romanes » (Rohlfs) est bien placée pour servir de pont  entre Italie et  Espagne  et faciliter l’accès à la connaissance des langues et des cultures de ces deux pays et plus largement des pays romans.  A l’Université de Provence, à Aix,  un programme très précis de mise en valeur de  l’intercompréhension entre langues apparentées, et en l’occurrence entre langues romanes,  et d’en tirer des implications pédagogiques  a été mis en chantier dans les années 1990 et a reçu le soutien de la Commission Européenne.  Les résultats en ont été très encourageants.  De toute façon il faut dire et répéter que l’intérêt pour les langues dites régionales n’est pas aujourd’hui un réflexe passéiste.  Elles ne mettent pas la république en danger, mais peuvent être une chance formidable d’accéder à un monde plus humain et plus ouvert.







14/02/13 Parle-moi, je te dirai d’où tu viens


Il aura pour thème :
« Parle-moi, je te dirai d’où tu viens »,
A l’heure de l’Europe, quel avenir pour les parlers provençaux ?

Il sera présenté par :
Jean-Claude BOUVIER, professeur émérite de langue et culture d'oc à Aix-Marseille Université
et Hélène FRANCONIE, Ingénieur d’Etudes CNRS retraitée, Dialectologue.

Grandes lignes de l’intervention

1 –  La diversité est une réalité de fait du langage humain :
Diversité des langues dans le monde
Diversité à l’intérieur d’une même langue :
-           du point de vue historique (le français du Moyen Âge et le français d’aujourd’hui) ;
-          du point de vue du mode d’expression : langue parlée et langue écrite
-          du point de vue social ou encore socio-professionnel
-          du point de vue géographique et même géopolitique :  français de Provence et français de Normandie ; français de France et français québécois…. ;

2 –  Diversité géographique en France due principalement à l’existence et à l’influence  des langues dites « régionales » et de leurs variétés dialectales. : langues gallo-romanes comme la langue d’oïl dans la moitié-nord de la France, et la langue d’oc ou occitane dans la moitié sud, langues non romanes comme le breton, l’alsacien, le basque. Français de Provence marqué par influence du provençal, dialecte de la langue d’oc.  Bref rappel historique sur cette langue.

3 – Les  langues régionales, dans leur diversité régionale,  font partie du patrimoine linguistique français. Bien connues grâce aux travaux des dialectologues et en particulier les atlas linguistiques et ethnographiques. Brève information sur les méthodes utilisées : enquêtes sur le terrain, cartographie, étude comparative des variétés géographiques recueilles qui permet  tout particulièrement de définir des aires dialectales et de voir les corrélations  avec la variation géographique, historique, culturelle (quelques exemples à donner).

4 – Les langues régionales aujourd’hui et demain. Prises  en compte par l’Etat dans une certaine mesure : cf. la Délégation Générale à la Langue française et aux Langues régionales (depuis 2001), cf. les dispositions incluses dans la Constitution (révision de 2008), projet de ratification de la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires, les diplômes nationaux, le CAPES langue d’oc-occitan, les programmes régionaux…. Situation du provençal aujourd’hui en Provence : qui le parle, qui le comprend ? Les associations, les Calandreto (privées), les sections bilingues (publiques), état de l’enseignement du provençal.  
Quel avenir  dans l’Europe ? Importance de la connaissance et de la pratique de la langue d’oc pour favoriser le multilinguisme européen,  En particulier intérêt de la langue d’oc  pour l’accès aux autres langues romanes, surtout italien et espagnol,  et d’abord pour l’intercompréhension entre les langues romanes (qui a fait l’objet d’un programme européen de recherche).
                                                                              J.C. Bouvier