Parle, je te dirai d’où
tu viens !
1 – La diversité est une réalité de fait du langage humain
par Hélène FRANCONIE, Ingénieur d’Etudes CNRS retraitée, Dialectologue
Point
n’est besoin d’être géo-ethno-linguiste – autrement dit dialectologue –
comme JCB et moi-même, pour que cette phrase ait du sens ! Chacun de
nous, dès lors qu’il perçoit chez un interlocuteur un écart par rapport à
sa propre pratique du langage, constate : « il/elle ne parle pas comme
moi » et commence à élaborer des hypothèses : « il/elle est originaire
de telle région, de tel pays, ou encore de tel milieu social, de telle
génération, etc. » La diversité est donc une réalité de fait du langage humain, dont nous sommes tous plus ou moins conscients.
Question
préalable : Qu’est-ce que la langue ? Nous nous intéressons ici à ces
ensembles organisés de sons qui font sens pour des groupes donnés
d’individus. Deux individus ne peuvent converser ensemble qu’à condition
d’utiliser des sons dont ils partagent la signification. Autrement dit,
il faut que, pour eux, ces sons renvoient aux mêmes référents (ex. chaise).
Chaque parler – quelle que soit l’étendue de son aire d’usage - est
« parfait » en lui-même : c’est un système organisé, qu’il soit écrit ou
non. JCB reviendra plus loin sur les divers termes utilisés pour
désigner les systèmes linguistiques : langue, parler, dialecte,
patois… .
La diversité des langues dans le monde :
Un fait d’observation pour chacun d’entre nous (cf. carte des parlers du monde éditée par l’Europe), qui nous renvoie à la façon d’exprimer une identité. Qui dit identité dit différenciation.
La fondation de l’identité de l’individu commence avec l’apprentissage du langage, dès la naissance.
Elle s’inscrit dans l’appartenance à un groupe humain à l’intérieur
duquel l’individu est reconnu et où il peut communiquer avec les autres
membres du groupe. La
langue a une double fonction : elle assure la cohésion d’un groupe
humain (et par là-même l’appartenance de l’individu à ce groupe) et elle
exprime la différenciation de ce groupe d’avec les autres groupes (cf. notion de territoire). Notons que le besoin de différenciation
se manifeste dans bien d’autres domaines, tel celui du vêtement
(costumes traditionnels aujourd’hui disparus, vêtements liés aux classes
sociales).
Donc diversité des langues dans l’espace, mais aussi :
Diversité à l’intérieur d’une même langue.
Il faut explorer diverses situations de communication pour avoir une idée du fonctionnement réel de cette langue.
Le cas du français : Comment définir la langue française ? Que signifie « parler français » ? Voici donc quelques aspects :
- nous
ne parlons pas le français comme sous Louis XIV, et encore moins comme
dans la Chanson de Rolland. Nous-mêmes le voyons se transformer sous nos
yeux très rapidement.
- nous
ne parlons pas comme nous écrivons, et réciproquement. La langue écrite
et la langue orale constituent deux modes d’expression distincts, régis
par des règles spécifiques. Juger du français à travers sa seule langue
écrite serait vraiment l’amputer d’une grande partie de sa richesse.
N’oublions pas que nous avons appris à parler avant de savoir lire et
écrire, donc avant de connaître les règles de la syntaxe. Ce qui ne
signifie pas que l’illettrisme ne soit pas un problème.
- les
usages du français varient selon les milieux sociaux ou encore
socioprofessionnels, à l’oral comme à l’écrit. Notre façon de nous
exprimer dépend du niveau de proximité sociale avec notre interlocuteur
et reflètera notre intégration des normes d’emploi des mots, et
notamment notre conscience du niveau de langue employé (soutenu,
familier, populaire, argotique, régional, etc.)
- le
français : langue nationale censée être la langue commune à tous les
Françaises et Français. Pourtant : le français parlé à Marseille est
différent de celui parlé à Lille ou Strasbourg, et de Paris. Pourtant : à
côté du français, existent des langues régionales, dont beaucoup n’ont
pas été écrites.
- la
francophonie : le français comme langue de culture, comme langue
nationale se superposant aux langues vernaculaires en Afrique. Le cas du
Québec.
Conclusion :
La
langue est donc un révélateur et un marqueur identitaire très fort : de
nombreux conflits sont liés à la question de la langue, et cet aspect
est trop souvent ignoré ou négligé, y compris dans l’enseignement de
l’histoire ou dans la compréhension des faits d’actualité.
Le langage humain se prête à une grande diversité de manifestations, à travers la multitude des langues.
L’observation
de l’usage d’une langue montre qu’il s’agit d’une réalité mouvante,
dépendant de la variété des situations de communication, dont chacune
fonctionne de façon spécifique.
Enfin,
le statut accordé à une langue, et notamment en fonction de son lien à
l’écriture, est purement idéologique. Il est le produit de l’histoire,
comme JCB va vous le montrer.
2 - La géographie linguistique de la France
par Jean-Claude BOUVIER, professeur émérite de langue et culture d'oc à Aix-Marseille Université
1 – Le français :
langue nationale commune à tous les Français, langue standard, normée,
officielle en France et dans d’autres pays, langue réalisée de façons
diverses, selon régions de France et selon pays : on peut parler de
« néodialectes du français, ou simplement de variations
géolinguistiques du français
2 – Diversité linguistique considérable sur le territoire français,
hexagonal et outre-mer, si on considère l’ensemble des « langues de
France », auxquelles se réfère le titre de la Délégation Générale à la
langue française et aux langues de France, créée en 2001. Dans le
Rapport de B. Cerquiglini de 1999, 75 langues :
- France
métropolitaine : 9 langues régionales « territorialisées », et 4 autres
langues « non territorialisées » : arabe dialectal, berbère, romani
chib et arménien occidental
- Départements d’Outre-mer : les créoles français et anglo-portugais (bashinenge) en Guyane
- Territoires d’Outre-mer : Nouvelle-Calédonie 28 langues kanak, Iles Loyauté (4 langues)
- Territoires français de Polynésie : 9 langues
- Mayotte : 2
3 – Langues régionales de France.
Cf. la carte. Cinq langues romanes dans leurs variétés dialectales :
langue d’oïl, langue d’oc, francoprovençal, catalan et corse. Quatre
langues non-romanes ou cinq : alsacien-lorrain (ou alsacien, lorrain),
basque, breton, flamand.
4 – Les langues gallo-romanes.
Ainsi appelées, parce qu’elles viennent du latin, ou plutôt continuent
le latin sur des territoires occupés par les anciens Gaulois : d’où
gallo-roman aussi pour parlers romans de Suisse dits « rhéto-romans »
(romanche, ladin, frioulan). Latin parlé introduit en Gaule après la
création de la Narbonnaise au 2e s. av. JC et surtout après
la guerre des Gaules de César. Latin parlé diversifié qui a abouti peu à
peu aux langues gallo-romanes, constituées en langues autonomes un peu
avant le X e s. Diversification du latin en Gaule due à plusieurs
facteurs :
- Contact avec la langue des populations locales : substrat celtique ou préceltique
- Processus
de la romanisation, qui a été tributaire des particularités
géographiques : les marécages, les fleuves, les montagnes….La Loire :
« ligne de démarcation naturelle et colonisatrice avant l’arrivée des
Francs » (Bodo Müller). De fait langue d’oc allait jusqu’à la Loire dans
Haut Moyen Âge. Monts du Forez, qui séparent depuis le début langue
d’oc et francoprovençal. Mais Alpes constituent plutôt lieux de
rencontre (hauts pâturages) : Val d’Aoste et Savoie, Briançonnais et
vallées piémontaises…. Et surtout romanisation faite en deux temps, ce
qui a créé deux couches successives de latinisation : romanisation
ancienne en Narbonnaise et de là vers l’ouest de la Gaule jusqu’au
Poitou et au Berry introduisant un latin plus archaïque, romanisation
plus jeune et latin plus jeune, plus avancé à partir de Lugdunum (Lyon)
en direction du nord (B. Müller, 1971), même si ce latin venant de
Lugdunum pouvait aussi avoir des caractères puristes et même poétiques
(Gardette 1962 : cf. molar « tertre, colline » < molaris, chez
Virgile et Ovide).
- Evidemment
importance du superstrat francique, qui a contribué à séparer la langue
d’oïl, marquée par l’influence germanique, de la langue d’oc. Le
français relève de la langue d’oÏl, mais n’est pas l’ancien dialecte de
l’Ile de France : a une base linguistique dans l’Ile de France et
l’Orléanais, mais est dès le haut Moyen Age une « langue commune
transdialectale, d’abord écrite puis diffusée » progressivement,
nettement différente du dialecte de l’Île de France (présent chez
Molière, dans les Mazarinades du XVII e siècle, ou l’Atlas linguistique
de l’Île de France actuel). En tout cas langue marquée par le
superstrat francique et qui s’est de plus en plus germanisée et séparée
des autres langues romanes.
-
5 – La langue d’oc
Langue
de la moitié sud de la France, des Alpes aux Pyrénées et de
l’Atlantique à la Méditerranée, avec débordements dans le Piémont.
Langue
composée de plusieurs dialectes : gascon, languedocien, auvergnat,
limousin, provençal -nord et sud (ou provençal et vivaro-dauphinois).
Différenciation dialectale moins forte au Moyen Âge : languedocien et
provençal pratiquement confondus d’après textes anciens non littéraires
(consonnes finales prononcées, pluriels en –s…), mais la distinction
entre nord-occitan et sud-occitan apparaît dès le début :
cantar/chantar, gau « coq » / jau et aussi fedo « brebis » /feio, fio
etc…..
Variétés
dialectales de la langue d’oc unies par beaucoup de traits
linguistiques communs (par exemple le maintien ou le développement de
diphtongues, le système vocalique, le vocabulaire, la morphologie
verbale et l’absence de pronoms personnels sujets du type je, tu, il
du français …), et par un destin historique et littéraire commun.
Langue des Troubadours dès le XI e s. est une langue commune, une koiné,
qui rassemble des traits linguistiques du nord et du sud (p. ex.
chantar/cantar) et qui est à peu près la même pour les troubadours
provençaux ou auvergnats ou aquitains. La langue administrative tend
aussi à être une langue commune, normée, mais l’usage des scribes
locaux, dans les Comptes consulaires p. ex. au XVe s. laisse filtrer
bien des particularités locales.
Après
les conquêtes françaises (Croisade des Albigeois, rattachement de la
Provence au royaume de France en 1481…), pénétration progressive du
français, ordonnance royale de Villers-Cotterêts de 1539, qui impose le
français comme langue administrative, tendance à la marginalisation et à
l’éclatement de la langue, privée de normes et abandonnée par les
élites, et de la littérature, souvent confinée dans des genres mineurs :
malgré tout de grands noms de la littérature occitane du XVI e au XIX e
siècle : Pey de Garros au XVIe s. en Gascogne, Bellaud de la
Bellaudière en Provence à la même époque, Goudouli à Toulouse 1ère moitié du XVII e s., Jean de Cabanes en Provence 2e moitié du XVII e s. début XVIII e , J.B. Fabre à Montpellier au XVIIIe s. etc.
Mouvements
de renaissance de la langue d’oc au XIX e et au XX e s. Le Félibrige
d’abord et surtout, avec F. Mistral, Aubanel, Roumanille….. en 1854, qui
redonne à la langue sa dignité et fait du provençal une langue
littéraire, illustrée par de véritables chefs d’œuvre et soutenue par un
grand œuvre lexicographique, le Tresor dóu Felibrige. Puis au
début du XX e siècle, le mouvement occitaniste, qui est plus sensible à
l’unité géographique et historique de la langue et crée une nouvelle
graphie, la graphie classique faisant mieux ressortir cette unité tout
en s’adaptant à la diversité des dialectes.
6 – Le provençal
Ambiguïté
historique du terme, désignant à la fois l’ensemble de la langue d’oc,
dans la tradition philologique et dans la tradition félibréenne et une
partie de cette langue : le dialecte de la langue d’oc parlé en
Provence.
Dans ce deuxième sens, le provençal est composé de plusieurs sous-ensembles :
voir la carte. Le rhodanien, base linguistique du provençal
mistralien, n’est pas très éloigné du maritime : ils sont tous les deux
caractérisés par une influence plus forte du français : chute des
consonnes finales occlusives (den, cham, fuo, pour dent, champ,
fuoc…..), et de l’-s final désinentiel, d’où, comme en français, pas de
marque spécifique du pluriel dans les noms : la porto « la porte », li
ou lei porto «les portes ». Mais le rhodanien dit nacioun, causo, rasin,
le maritime nacien, cavo, raim ou rin…..
Le
vivaro-dauphinois est une variété du nord-provençal, qui est très
diversifiée avec des aspects rhodaniens au sud et une perte progressive
de plusieurs traits de la langue d’oc en allant vers le nord. L’alpin
est pour l’essentiel en nord-provençal, mais les parlers nissarts
appartiennent à la fois à l’alpin et au sud-provençal maritime, ce qui
est la traduction linguistique de la situation géographique de cette
région où la montagne vient tomber dans la mer. Le provençal alpin se
définit par ses aspects conservateurs : conservation des consonnes
finales, même parfois de l’ –r final de l’infinitif, et en particulier
des pluriels en –s.
Il y a toujours eu beaucoup d’échanges entre la Provence du sud et la Provence alpine :
commerce du sel, du sud vers le nord, commerce du bois en sens
inverse, transhumance, descente des gavots vers les plaines du sud pour
les moissons ou les vendanges, tourisme….. Cette tradition
d’interrelations a laissé des traces linguistiques nombreuses, dans le
lexique notamment : gavèu « sarments de vigne, èscabot « troupeau », capoulié « premier
faucheur ».….dans le nord. Mais surtout la poussée des parlers du sud
vers le nord, empruntant les voies de la Durance et de l’Ubaye, a
souvent réduit l’aire alpine pour un certain nombre de phénomènes : cf.
la carte « heures », « champ », chaud »…..
Quelques
exemples pour finir de différenciations linguistiques à l’intérieur de
la langue d’oc par examen de plusieurs cartes : cf. Noël, Corne, Averse
et suff. –as ….
3 – L’étude des langues régionales ou les outils de la dialectologie : les atlas linguistiques et ethnographiques.
par Hélène FRANCONIE
JCB
vous a présenté la géographie linguistique de la France en utilisant
des cartes provenant des atlas linguistiques et ethnographiques. Un
premier atlas de la France comprenant 1421 cartes a été publié en
1909-1910 par Giliéron et Edmont, à partir d’enquêtes conduites dès
1891. Pour le Nouvel Atlas de la France par Régions, les enquêtes ont
commencé en 1950, et ont impliqué au moins une trentaine de chercheurs
relevant de l’Université et du CNRS jusque vers 1995, dans le cadre d’un
Groupe de Recherche du CNRS. 22 Atlas ont ainsi été publiés par le
CNRS, comprenant chacun au minimum 3 volumes.
Il s’agit donc d’enquêtes linguistiques réalisées auprès d’informateurs patoisants (dialectophones).
3.1 – L’atlas de première génération : un recueil de données brutes.
- délimitation d’un territoire et détermination de lieux d’enquête, dotés chacun d’un numéro de référence (carte ALP localités)
- élaboration
d’un questionnaire destiné à couvrir une bonne partie du champ
d’expérience (en grande partie monde rural) et à pouvoir étudier des
phénomènes purement linguistiques. Le questionnaire est la base du
cahier d’enquête.
- enquête
sur le terrain (magnétophone et éventuellement transcription manuelle
immédiate) : les réponses aux questions sont recueillies sous leur
orale.
- transcription
des formes sonores avec un alphabet phonétique sur le cahier d’enquête
de chaque localité enquêtée, sans souci de normes orthographiques (1 son
= 1 signe graphique)
- calligraphie des formes phonétiques des cahiers d’enquête sur des fonds de carte muets, (carte cloporte ALP)
3.2 – L’interprétation des données brutes des atlas de première génération se traduit par de la cartographie.
Les étapes du travail
- première
phase : inventaire des phénomènes et recherche étymologique (FEW, Bloch
& Wartburg, Mistral, Alibert, etc.), TLF, les sources écrites (cf.
le cas du provençal)
- deuxième phase : cartographie et interprétation
Quelques exemples d’études
- les variantes de prononciation d’un terme (ex. carte ALF neveu < NEPOTEM)
- les différents termes relatifs à un concept (ex. prunelle, corne, Noël, carte bouillie de maïs, taupe, faux, sauterelle)
Deux approches distinctes mais complémentaires : analyse en synchronie ou en diachronie (cf. Darwin vs. Lamarck !)
Cadre de publication :
- travaux individuels (recherche, pédagogie)
- atlas de seconde génération : les 2 atlas transnationaux : collaboration de tous les dialectologues
= l’ALE (Atlas Linguarum Europae)
= l’AliR (Atlas Linguistique Roman) (couverture AliR) ; panneau : carte cloporte AliR)
4. Les langues régionales aujourd’hui et demain
par Jean-Claude Bouvier
Langues régionales de France ont des statuts et des situations très divers :
peu de lisibilité et de vitalité pour les dialectes d’oïl comme
bourguignon ou normand, même s’il y a des associations, des militants,
des publications….. Le corse, enjeu politique en Corse, est beaucoup
plus présent et utilisé….
Langues régionales globalement peu parlées :
à différence du catalan, la langue d’oc n’est plus une grande langue de
communication sociale ou économique. Parlée par des locuteurs
« natifs » âgés et peu nombreux, connue et comprise par un nombre plus
élevé de personnes, parlée, lue et souvent écrite par des gens, des
jeunes surtout qui l’ont apprise à l’école ou dans des associations et
qui font des efforts pour la promouvoir, elle est plus perçue comme
langue patrimoniale à conserver que comme un outil de communication
générale.
Mais progrès réalisés dans la reconnaissance et la promotion des langues régionales depuis une cinquantaine d’années :
Enseignement
- Loi
Deixonne en 1958 autorisant enseignement facultatif de 4 lgs
régionales : basque, breton, catalan, occitan (puis corse, tahitien..)
- Enseignements optionnels de langues régionales dans les établissement scolaires et matières au baccalauréat
- Enseignements optionnels dans les université, puis DEUG et licences, maîtrises de langues régionales
- Création des CAPES : breton en 1985, corse, occitan-langue d’oc en 1991, catalan et basque en 1992.
- Ecoles
bilingues privées : Ikastolas basques dès 1969, Diwan bretonnes en
1977, Calandretas occitanes en 1979 (en 2012 54 écoles et 2 collèges :
3045 élèves)
- Classes
bilingues dans l’enseignement public en 1993, Ecoles centres continus
d’apprentissage de la langue (22 dans les Bouches du Rhône)
- Aujourd’hui
en Provence, dans l’Académie d’Aix-Marseille : 12500 élèves qui
reçoivent un enseignement de langue d’oc, dont 9000 dans le premier
degré et 3500 dans les lycées et collèges. Mais cela reste peu : 3% de
l’effectif scolaire du premier degré.
La vie de la langue d’oc : associations, publications, medias, présence dans l’espace public
- Félibrige, Institut d’Etudes occitanes, Parlaren, Unioun Prouvençalo, Collectif Prouvènço, AELOC…
- Journaux
d’associations : Tarasco (AELOC), Prouvenço d’aro, Aquo d’aqui,
Nouvello de Prouvènço (Parlaren), L’Astrado Prouvençalo…..
- Publication de l’IEO, de Parlaren, de l’Astrado…
- Emissions de Télé comme Vaqui
- Grand prix de littérature de Provence en langue d’oc
- Beaucoup
de désignations bilingues des noms de voies urbaines dans tout le sud
de la France : ancien nom en provençal comme à Aix, ou traduction
systématique en langue d’oc des noms français (p. ex. à Aix rue
d’Italie, anciano carriero de la Porto San Jan : place des prêcheurs,
Plaço dei Precadou ; à Montpellier boulevard Victor Hugo, baloard V.H.).
- Enfin
efforts actuels pour inscrire la pratique de la langue dans un contexte
économique. Un label Oc per l’Occitan a été créé. Selon l’annuaire 2012
de cette organisation 250 structures ont été labellisées : commerçants,
artisans, entrepreneurs, professions libérales et associations : p. ex.
dans le 04 un Gîte rural, dans le 05 un Centre de loisirs pour jeunes,
dans le Vaucluse un cabinet d’architectes, un Tour operator.
-
- Reconnaissance institutionnelle nationale et internationale
- Association internationale d’études occitanes, avec congrès tous les trois ans
- Charte
européenne des langues régionales et minoritaires du Conseil de
l’Europe en 1992, signée par le Premier Ministre français en 1999 :
ratification annoncée par le Président de la République en 2012
- Délégation Générale à la Langue Française et aux Langues Régionales en 2001
- Révision
de la Constitution en 2008 : « Les langues régionales appartiennent au
patrimoine de la France » (art. 75 – 1 complétant le titre 12 « Des
collectivités territoriales »). Mais l’article 2 dit toujours que « la
langue de la République est le français ». Malgré tout avancée
importante.
Conclusions
Illusoire de parvenir à la situation de la Catalogne aujourd’hui.
Mais combat pour l’existence et la reconnaissance des langues régionales est une nécessité :
- Prise en compte d’un patrimoine linguistique et culturel aussi importante que le patrimoine bâti des monuments
- Connaissance
d’une autre langue que la langue nationale favorable à la formation de
la personne et à l’apprentissage linguistique
- Dans
l’Europe d’aujourd’hui la pratique d’une langue régionale est à la
fois un moyen de favoriser le multilinguisme et de contrecarrer la
tendance au monopole linguistique et une ouverture vers les autres pays
et les autres langues de l’Union : la langue d’oc « carrefour
linguistique des langues romanes » (Rohlfs) est bien placée pour servir
de pont entre Italie et Espagne et faciliter l’accès à la
connaissance des langues et des cultures de ces deux pays et plus
largement des pays romans. A l’Université de Provence, à Aix, un
programme très précis de mise en valeur de l’intercompréhension entre
langues apparentées, et en l’occurrence entre langues romanes, et d’en
tirer des implications pédagogiques a été mis en chantier dans les
années 1990 et a reçu le soutien de la Commission Européenne. Les
résultats en ont été très encourageants. De toute façon il faut dire et
répéter que l’intérêt pour les langues dites régionales n’est pas
aujourd’hui un réflexe passéiste. Elles ne mettent pas la république en
danger, mais peuvent être une chance formidable d’accéder à un monde
plus humain et plus ouvert.
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