L'infection VIH/SIDA : Ou en sommes nous en 2014 ?
1) La Première Période va de 1981 à1997.
Elle commence par la reconnaissance des premiers cas officiels
(1981), puis du principal virus responsable(1983), puis la mise à
disposition des premiers tests de diagnostic(1985), enfin du premier
médicament actif (1987). Pendant cette période, on affine les
connaissances sur les modes de transmission, mais aussi sur les
symptômes et les complications observées qui témoignent d'une
détérioration progressive des moyens de défense immunitaire vis à vis
des infections ou de la présence du virus dans certains organes (poumons
,système nerveux....). L’évolution dure en moyenne 5 à 7ans entre la
contamination et le décès. Les premiers traitements ne font que ralentir
un peu cette évolution, jusqu’à ce que l'arsenal thérapeutique se
renforce suffisamment en 1996 pour obtenir une association efficace
(trithérapie). Avec un petit retard, les enquêtes épidémiologiques
montrent l'ancienneté et la gravite de l’épidémie en Afrique
subsaharienne .
2) La Seconde Période va de 1997 à 2010.
Elle est marquée par une grande disparité entre les pays riches et
pauvres. En Occident, l’épidémie est partiellement contrôlée. A
condition que le traitement soit assez précoce, on meurt beaucoup moins.
Il n'y a plus de transmission pendant la grossesse, plus de cas
nouveaux chez les hémophiles, et de moins en moins chez les toxicomanes
intraveineux. La situation est bien moins favorable dans les pays
pauvres et l'Asie est touchée à son tour. Les médicaments
antirétroviraux(AVR) n'arrivent en Afrique qu'en 2002-2003, en faibles
quantités et avec des ruptures de stock, ce qui favorise les échecs. La
transmission mère-enfant persiste à taux élevé (absence de consultation
prénatale, allaitement...).
3)Le Présent commence en 2010.
Les ARV sont beaucoup plus nombreux(plus de 20
molécules),moins chers(génériques dans les pays en développement),mieux
tolérés et souvent proposés en dose quotidienne unique,avec un gain
spectaculaire pour le confort des malades,au moins en Europe
occidentale.Mais en Afrique ,seuls 25 pour cent de ceux qui devraient
être traités le sont réellement et la crise financière mondiale va
aggraver la situation
Par ailleurs ,même en France 1 séropositif sur 4 n'est pas dépisté et
le pronostic vital reste engagé lors de la découverte tardive. Il faut
miser beaucoup sur la Prévention : dépister tôt et traiter tôt pour la
santé du sujet infesté et éviter qu'il ne contamine d'autres personnes.
Toute la politique de santé jusqu'en 2020 et peut être plus sera
orientée vers cette prévention double individuelle et communautaire.
Jean-Pierre COULAUD,
ancien chef du service des Maladies Infectieuses et Tropicales à BICHAT
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