Le Code forestier
et les communaux boisés en Provence
Tout le monde s'accorde à
reconnaître que si la forêt française en général est en mauvais état au début
du XIXe siècle, la forêt provençale en particulier est dans une situation
déplorable.
La conjugaison d'une
exploitation intensive et d'abus de jouissance l'ont réduite en garrigue ou en
maquis, formations arbustives de petite taille et de plantes herbacées.
L'inconscience de tous a
détruit la forêt, mais pouvait-il en être autrement en ces temps de misère
lorsqu'elle seule pouvait fournir à la fois le bois de chauffage et de
charpente, l'engrais nécessaire aux cultures, lorsqu'elle seule pouvait nourrir
le bétail par le pâturage, le ramassage des glands, les récoltes d'herbes et de
feuilles, surtout avec des moutons et des chèvres qui disposaient d'une faible
surface de prairies naturelles.
En dotant la France d'un Code
forestier, en 1827, le législateur voulait reconstituer un milieu forestier et
un climax favorable. Pour cela, il fallait que les nouvelles mesures fussent
suffisamment efficaces, soigneusement appliquées pour vaincre l'hostilité des
habitants, rigoureusement sanctionnées pour produire quelque effet.
La sauvegarde des forêts allait
se jouer sur plusieurs registres : satisfaction des besoins de la
consommation en réparant les bois dégradés, création de nouvelles ressources et
sévères punitions à l'égard des délinquants.
Si aujourd’hui il est encore
difficile d’affirmer que l’objectif du Code forestier a été partout pleinement
atteint, il faut cependant admettre que l’amélioration fut considérable,
notamment dans le département de Vaucluse dont les archives livrent les
chiffres qui permettent d’appréhender ce que fut l’évolution du patrimoine
forestier depuis 1669. De cette date jusqu’à 1830, la majorité des communes
forestières (46 sur 78) a vu disparaître ses forêts dans des proportions
considérables : moins 32,77 %. Lorsqu’on sait comment fut protégée la
forêt par l’Ordonnance de 1669, on mesure mieux l’œuvre destructrice de la fin
du XVIIIe
siècle. Cette évolution, qui n’a pas échappé au législateur, a été enrayée par
la mise en œuvre du Code et il est évident que la soumission au régime
forestier a sauvé la forêt puisque de 1830 à 1879 la surface boisée a augmenté
de 117,30 % ; chiffre d’autant plus considérable qu’il faut tenir compte
de l’augmentation de la population et des besoins croissants de l’industrie.
Jacqueline Dumoulin
Docteur d'Etat en droit
Licenciée es Lettres
Chercheur au CNRS (retraite)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire